lundi 18 février 2013

TOUTES LES BIGNOLES SONT DES PIPELETTES. TOUTES LES PIPELETTES NE SONT PAS DES BIGNOLES. LES BIGNOLES ET LES PIPELETTES PEUVENT BAISSER LA VOIX D’UN TON. SEULES LES HARANGERES, LES MEGERES, LES BELLES-MERES, LES FEMMES EN ‘R’, NE LE PEUVENT. ELLES HURLENT POUR LEUR PLUS GRAND CONTENTEMENT !




     Son habitus n’est pas mauvais. La taille moyenne. Teint et muqueuses normaux. Développement de la couche cellulaire sous-cutanée satisfaisant. La poitrine est correcte, pas de râles, respiration vésiculaire, battements du cœur réguliers.
Dans l’ordre des manifestations psychiques, on note une tendance caractérisée : elle est bavarde et criarde. Je dois à sa loquacité l’hypertrophie de mon nerf auditif droit. Quand j’examine la langue d’un malade, je me souviens de ma femme ; cette réminiscence me cause des battements de cœur. Comme il avait raison celui qui a dit : lingua est hostis hominum, amicusque diaboli et feminarum ! Ce même défaut afflige ma mater feminae, -ma belle-mère, de l’espèce des (mammalia). Et quand elles crient toutes les deux, vingt trois heures sur vingt-quatre, je souffre d’une tendance à l’aliénation mentale et au suicide. Selon le témoignage de mes honorables collègues, neuf femmes sur dix sont atteintes d’une maladie que Charcot a nommée : hypersthénie des centres moteur du langage. Charcot préconise l’ablation de la langue.
     Grâce à cette opération, il avait promis de guérir l’humanité de l’une de ses maladies les plus terribles, mais hélas ! Biehlroth, qui a pratiqué cette opération à plusieurs reprises, dit qu’après l’opération les femmes apprenaient à parler avec leurs doigts, par suite, l’action de leur langage sur leurs maris était encore pire. Elles les hypnotisaient. Je propose un traitement. Sans rejeter l’amputation préconisée par Charcot, et en faisant confiance à l’autorité de Biehlroth, je propose d’associer le port des moufle à l’amputation de la langue. Mes observations ont montré que les sourds-muets qui portent des moufles munies d’un seul doigt, ne prononcent pas un mot, même quand ils ont faim.
Aton Tchékhov, 1883, 23 ans ; il écrivait cela pour payer ses études de médecine !

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