mercredi 27 février 2013

STEPHANE HESSEL, ça a une autre gueule que le pape !

J'ai approché Stéphane Hessel à Ribeauvillé, près de Colmar. A la fin du repas, il nous récita, avec son petit sourire malicieux et en coin, un poème de A. Rimbaud, "La chercheuse de poux" ; et ensuite il invita chacun à se lever pour aller danser !
D'accord ou pas avec toutes ses idées, côtoyer un tel type oblige ensuite dans la vie.

L'ange du bizarre. Le romantisme noir de Goya à Max Ernst, tous les très célèbres Gothiques !

Carlos Schwabe, La mort et le fossoyeur, 1900.
MUSEE D'ORSAY PARIS

dimanche 24 février 2013

Il faut être déjà bien givré pour se balader un jour gris et froid, toute la journée, dans la forêt de Fontainebleau. Ou bien, il faut arrêter de fumer !

 Les glaces tintent à l'oeil, comme les reflets le cristal.
L'alchimie prend froid, 

Le xylophone translucide
égraine goutte à goutte sa petite musique imperceptible.

 Les Mares Froideau, j'en comprends le nom, maintenant !
La surface gelée reçoit silencieusement des flocons épars.

 Cette  grume couverte d'une fine pellicule de neige
que je pris pour le chemin droit, fuyant à l'horizon.

 Comme le Petit-Poucet, les flocons jalonnent le chemin
dans les grincements maudits du balancement des arbres.

 Le soleil s'accroche aux branches comme une boule lumineuse de Noël,
les feuilles sèches cliquètent entre elles, le vent du nord geint.

 La vague, monstre de silence, 
La vague sans ses trois femmes remarquables, 
Camille Claudel... aussi belle...

Et ces branches retiennent le visiteur par le vêtement, par les cheveux... 
Je vous garde en mon coeur, fougères cassées, 
Au revoir !

jeudi 21 février 2013

Le prix de la vengeance !



J'ai parfois une impression de déjà vu ! 

     Assuétude et dépendance.  L'anglais addiction a pour étymologie latine, ad-dicere « dire à » !

     Chez les romains, les esclaves n'avaient pas de nom propre, ils  étaient dits à leur Pater familias. Ils portaient le nom du maître du domus. De leur maître-étalon, le Père de famille. Comble du mariage gay ?! Le terme d'addiction exprime une absence d'indépendance et de liberté, c’est donc bien d’un esclavage, d’une dépendance qu’il s’agit. Pour ce qui me concerne ici, d'une dépendance au  tabac. La moins pire de mes deux dépendances, l’autre étant l’asservissement à l’alcool que j’ai cessé de consommer depuis quelques années. 
     Hier, je ne me souvenais plus comment ça avait commencé. Dans ma mémoire, c'était un voisin de palier qui m'en avait offert une. Mais non, avec le voisin, j'ai juste discuté. En fait tout a commencé par une taffe aspirée d'une cigarette sortie d'un stock de vieux paquets de tabac que je conservais pour le souvenir... Le tabac, c'est comme les fusils, on l'achète par cartouches, on croit que c'est inoffensif, on tire dessus et vlan, le coup part, on se remet à fumer...
 Du gris, du scaferlatti, des gauldos à 3,12 nouveaux francs le paquet...  
Il va sans dire que, depuis, cette collection est passée par la fenêtre !

     Que s’est-il passé ? Depuis plusieurs jours j’ai envie de fumer. Je me suis retenu sans grande difficulté durant quelques jours, mais hier, ou plutôt avant-hier, j’ai fumé une cigarette. Je sais pertinemment que c’est exactement la chose à ne pas faire dans ma situation de dépendance au tabac. Je sais que le lendemain ou le surlendemain j’irai chercher un paquet de clopes et que je fumerai à nouveau automatiquement les mêmes  quantités qu’autrefois. C’est mécanique, c’est inscrit dans mon corps et dans ma tête. Ce n’est pas forcément génétique mais c’est assurément acquis !

    J’ai des difficultés avec ce corps sans lequel je n’existerai  pas ! Ce besoin de le remplir, avec du vin, avec de la fumée ou avec de la bonne bouffe et du café. C’est dingo, dur à manœuvrer un corps qui n’est pas corpusculaire ! Surtout lorsque l'hygiène de vie n'est pas la première de mes préoccupations !

     Remplir un vide. C’est archaïque comme l’enfance, un besoin primitif comme l’enfant a besoin de sa mère. Freud disait que ce besoin mal résolu, ce besoin primordial qui aurait mal évolué entraîne les addictions. Savoir cela ne permet pas  pour autant d’y faire face. Freud ne dit pas comment faire pour se débarrasser de ces travers-là, mais il dit comment en prendre conscience. L'enfant  c’est une personne qui n'a pas encore acquis le langage, le mot enfant, là encore, est issu de la francisation du latin infans, infantis, désignant le très jeune enfant qui ne parle pas. Donc le seul remède à l’assuétude au tabac, c’est la parole.

     La parole pour sortir de l’enfance, mal vécue, mal cuvée. C’est aussi grâce à la parole que je peux continuer à ne plus boire d’alcool.

     Ce soir j’ai songé, je vais préparer des photos pour une exposition et puis je me suis dit, il fait froid, ce n’est pas du tout folichon de faire de l’encadrement, je me fumerais bien une cigarette avant de travailler ! Au conditionnel la cigarette, bien sûr, - si j’avais un paquet de clopes ! C’est amusant, dans ma tête, il m’est revenu toute l’illusion du plaisir et aussi toute la facilité démoniaque de fumer. Dans les plateaux de la balance, le tabac pesait soudain bien plus lourd que ce travail fastidieux d’encadreur qui m’emmerde profondément. Parce qu’en plus il faut que ça soit propre et minutieux, le cadre ! Et je me suis raisonné, non, c’est trop facile. Puis j’ai pensé, c’est incroyable la facilité avec laquelle on peut replonger dans la contemplation et la procrastination tabagique ! C’est dingue !

     Je suis allé faire des courses dans un supermarché et à la sortie un truc a sonné dans mon sac, je me suis engueulé avec un vigile que j’ai menacé le type de le poursuivre s’il cherchait une seconde à me retenir parce que je refusais d’ouvrir mon sac, n’ayant rien volé, pour une fois !  Le mec devant ma détermination a battu en brèche après m’avoir apostrophé de termes incongrus – vous voulez me défier ?  Je ne lui ai pas répondu.

    Enervé,  je suis reparti en vélo. Le vélo est resté zen, mais pas moi ! Envie de fumer ! Je me souviens,  autrefois, quand j’en chiais pour arrêter de fumer, je notais dans un petit carnet : EDF, Envie-De-Fumer.  Mais au bout de deux heures et après dix EDF, je recommençais illico presto. Depuis j’ai une combine pour arrêter en vingt-quatre heures, la martingale ! Bingo ! Donc j’étais énervé.

     Allez, il me faut un petit plaisir pour faire passer ce mauvais moment avec le pauvre vigile qui ne faisait après tout que son boulot, me dis-je. Et pour ne plus penser à fumer. Un petit plaisir ? Alors là il faut que je raconte une histoire dans l’histoire…

     Il y a quelques semaines je suis allé faire mon linge à la laverie automatique en bas de chez moi. Trois machines. Je mets les ronds dans la fente et pas une ne démarre. Je téléphone au responsable de la laverie, il m’explique qu’il faut que je recommence tout à zéro, remettre des ronds, je me suis trompé dans les procédures compliquées de l’automatisation, il me rembourse ce soir les trois machines qui n’ont pas fonctionné. Gentil honnête le gars.  Il ne m’a toujours pas remboursé. Trois semaines plus tard, je le lui fais remarquer. Il me traite de con et m’envoie sur les roses et pas des trémières. Je décide de me venger. Ma vengeance sera terrible ! Quelques violentes idées vengeresses me passent par la tête mais une géniale me vient à l’esprit ! Diabolique ! Et facile d’exécution ! 

    A ce stade, je dois remarquer qu’une vengeance n’est pas une chose simple. La tentation est trop grande de se découvrir pour voir la gueule du type qu’on souhaite ardemment punir. Mais se découvrir, c’est être pris la main dans le sac en train de commettre une action nuisible. Alors il faut prendre sur soi le fait de rester dans l’ombre et jouir en silence du mauvais tour qu’on inflige. Il faut avoir de l’imagination. On doit se passer de contempler la déconfiture de la victime. On ne peut pas se venger et en plus avoir l’argent du beurre ! C'est frustrant mais c'est la loi !

     Nuitamment, déguisé et ganté, je suis allé coller sur la vitrine de la laverie deux affichettes où j’avais inscrit en rouge :                

ATTENTION ! 

LES MACHINES  SONT EN PANNE ! 

LA DIRECTION
     
     Ce matin, trois jours après l’exécution de ma vengeance, les affiches étaient toujours en place ! Inespéré ! Trois jours où personne n’a foutu les pieds dans la laverie, trois jours sans recettes, trois jours de manque à gagner pour le gars ! Ma vengeance est largement accomplie.  Il ne me manque que d’avoir vu la gueule du type devant les affichettes. Je ne la verrai pas, c’est le paradoxe et la rançon de la vengeance. La jouissance reste toujours incomplète. Tiens, il faudra que j’en parle chez le psychanalyste… Quel ne fut pas mon plaisir en passant en vélo ce soir devant la laverie : les affichettes étaient toujours là et la laverie étrangement désertée !  J’espère que le patron de la laverie n’est pas illettré, autrement ça risque de lui coûter plus cher que je ne le souhaite.

     Normalement, ce petit plaisir aurait dû me consoler de mes ennuis au super marché et nuire à  mon envie de fumer. Et bien non. C’est archaïque cette envie, il n’y a pas à redire ! Freud avait raison ! J’ai tourné en rond deux heures chez moi en pensant j’y vais ou j’y vais pas et finalement je suis allé chemise battante chez le chinois acheter un paquet de gauloises bleues !

     Il ne me reste plus qu’à arrêter de fumer. Heureusement vingt-quatre heures suffisent. Elles sont programmées pour ce week-end. 

     Pour ce qui concerne l’encadrement des photos, je pense aujourd’hui avoir  résolu le problème : pas d’encadrement. De toute façon, je déteste  les exergues, les cartouches et tutti quanti ! Parce que des photos qui nécessitent l’encadrement comme faire valoir, ne valent pas en soi. D’un autre coté, il me faudrait tirer les photos sur un plus grand format pour qu'on les voit bien en public. Et ça coûte plus cher !  
Autrement on dira que je ne tire que des petits formats ! 
Et quand à celles plus fragiles qui nécessitent une protection, on les mettra sous un verre, tout simplement !


A bientôt !

lundi 18 février 2013

TOUTES LES BIGNOLES SONT DES PIPELETTES. TOUTES LES PIPELETTES NE SONT PAS DES BIGNOLES. LES BIGNOLES ET LES PIPELETTES PEUVENT BAISSER LA VOIX D’UN TON. SEULES LES HARANGERES, LES MEGERES, LES BELLES-MERES, LES FEMMES EN ‘R’, NE LE PEUVENT. ELLES HURLENT POUR LEUR PLUS GRAND CONTENTEMENT !




     Son habitus n’est pas mauvais. La taille moyenne. Teint et muqueuses normaux. Développement de la couche cellulaire sous-cutanée satisfaisant. La poitrine est correcte, pas de râles, respiration vésiculaire, battements du cœur réguliers.
Dans l’ordre des manifestations psychiques, on note une tendance caractérisée : elle est bavarde et criarde. Je dois à sa loquacité l’hypertrophie de mon nerf auditif droit. Quand j’examine la langue d’un malade, je me souviens de ma femme ; cette réminiscence me cause des battements de cœur. Comme il avait raison celui qui a dit : lingua est hostis hominum, amicusque diaboli et feminarum ! Ce même défaut afflige ma mater feminae, -ma belle-mère, de l’espèce des (mammalia). Et quand elles crient toutes les deux, vingt trois heures sur vingt-quatre, je souffre d’une tendance à l’aliénation mentale et au suicide. Selon le témoignage de mes honorables collègues, neuf femmes sur dix sont atteintes d’une maladie que Charcot a nommée : hypersthénie des centres moteur du langage. Charcot préconise l’ablation de la langue.
     Grâce à cette opération, il avait promis de guérir l’humanité de l’une de ses maladies les plus terribles, mais hélas ! Biehlroth, qui a pratiqué cette opération à plusieurs reprises, dit qu’après l’opération les femmes apprenaient à parler avec leurs doigts, par suite, l’action de leur langage sur leurs maris était encore pire. Elles les hypnotisaient. Je propose un traitement. Sans rejeter l’amputation préconisée par Charcot, et en faisant confiance à l’autorité de Biehlroth, je propose d’associer le port des moufle à l’amputation de la langue. Mes observations ont montré que les sourds-muets qui portent des moufles munies d’un seul doigt, ne prononcent pas un mot, même quand ils ont faim.
Aton Tchékhov, 1883, 23 ans ; il écrivait cela pour payer ses études de médecine !

lundi 4 février 2013

L’emplacement anatomique de la douleur amoureuse.




N°1 Point de départ de la douleur amoureuse la plus profonde.

N°2, 3, 4…

N°5 On dirait que de collantes et cuisantes petites étoiles de mer adhèrent à vos viscères.

N°6 La souffrance engendrée par la jalousie se ressent d’abord dans le mental et déclenche une douleur dans l’estomac qui laisse l’amoureux dévasté.

N°7, 8, 9…

N°10 La douleur du regret est plus brève et plus retenue ; elle se ressent à l’arrière des jambes et dans les poumons, consumant mystérieusement les forces.

N°11 De l’estomac à la bouche, elle se diffuse en une pulsation lancinante dans tout le corps de l’amoureux et lui arrache des hurlements.

dimanche 3 février 2013

Le mauvais temps moderne / Je ne suis fils de personne/ La petite tristesse

Je ne suis fils de personne
Je ne suis d'aucun pays
Je me réclame des hommes
Qui aiment la terre comme un fruit
Au gré de l'amour
J'aimerais m'abandonner
Au rythme des jours
Et des nuits dévoilées
J'aime le goût d'écume
La saveur des embruns
La douce amertume
Des brumes du matin

 La laïcité
Au gré de l'amour
Peut-on s'abandonner
Quand on se souvient
Ce que sera demain
Contre les humains
Qui s'aiment dans leur coin
Les forêts d'acier
Fleurissent de barbelés

 La nature
Sommes-nous si peu de choses
Des insectes trop petits
Ne sommes-nous donc plus des hommes
Pour nous laisser faire ainsi
Est-il encore temps d'aimer

La centrale
Reverrai-je encore l'automne
Le temps des grandes marées
Puis l'hiver où tout frissonne
Puis un printemps puis l'été
Toutes saisons pour aimer

 L'arc électrique
Au gré de l'amour
J'aimerais m'abandonner
Dans un lit de sable
Par les vagues bordé
Sous le grand soleil
Avant d'être glacé
Au bruit des abeilles
Vivre le temps d'aimer

Les Pylônes à haute tension 
Reverrai-je encore les neiges
Les feuilles mortes s'envoler
Laissez-moi me prendre au piège
Du doux plaisir d'exister
Laissez-moi le temps d'aimer
La nuit
Je ne suis fils de personne
Je ne suis d'aucun pays
Je me réclame des hommes
Qui aiment la terre comme un fruit

 La pluie



Tout ce qui luit sur terre a une tâche à remplir !

 Ah ah ah !
Allez Robert !